Le Président des Etats-Unis a annoncé le 2 avril des droits additionnels de 20% sur l’ensemble des produits européens dont les vins et spiritueux français, soit un coût total estimé à plusieurs centaines millions d’euros pour la filière, qui représentent 25% du total des exportations. Des négociations justes et apaisées sont indispensables pour trouver une position qui tende vers le neutre 0-0 de chaque côté de l’Atlantique.
La loi du Talion. Comme l’ensemble des produits français exportés aux USA, la filière viticole française (vins et spiritueux) a été impactée par les 20% de surtaxe décrétée par Donald Trump, dont le marché américain représente près de 25% des produits viticoles exportés sous indications géographiques (AOC et IGP). Conséquences ? Un potentiel recul des exportations aura vraisemblablement des conséquences à plusieurs centaines de millions d’euros et mettra en péril des milliers d’exploitations
viticoles et des pans entiers des territoires ruraux. Un tel recul aura un impact énorme sur l’économie française.
« L’an dernier, c’est environ 3,8 milliards d’euros de vins et spiritueux qui ont été exportés vers les États- Unis. Nous sommes très dépendants de ce marché à court terme. Nous le sommes doublement, car la viticulture française a déjà un genou à terre : inflation, aléas climatiques, baisse de la consommation.
Le nombre de cessations d’activité est très préoccupant ; nous avons déjà procédé à l’arrachage de près de 50 000 ha de vignes en France.
Une onde de choc à plusieurs vitesses selon les régions et les produits exportés
Toutes les régions viticoles ne seront pas impactées de la même manière. « Pour les eaux-de-vie (Cognac et Armagnac), c’est une catastrophe d’une ampleur inimaginable. En addition du conflit avec la Chine, ces taxes vont mettre en très grande difficultés notre filière, avec un risque de cessations d’activité en chaîne en Charentes notamment. » souligne Anthony BRUN, Vice-Président de la CNAOC et Président de l’UGVC à Cognac.
La filière des vins de Bordeaux est également très touchée par ce niveau de taxe. « Les Etats Unis sont notre premier marché à l’exportation en volume et en valeur (près de 30 millions de bouteilles pour plus de 435 millions d’euros) ; l’impact commercial de cette taxe ne peut être évalué à ce stade, même si l’on constate depuis plusieurs semaines des annulations ou blocages de commandes auprès des exportateurs. » ajoute Jean-Marie GARDE, Secrétaire général adjoint de la CNAOC et Président de la
FGVB à Bordeaux.
Sur le plan économique ce n’est pas seulement une mauvaise nouvelle pour les vignerons français, ça l’est pour toute la filière qui génère 440 000 emplois directs et indirects pour les vins et 70 000 emplois pour la filière des spiritueux. L’ensemble de l’écosystème viticole (les fabricants de bouteilles, les fabricants d’étiquettes, de cartons, les services de transport et de logistique) vont se trouver affecté par ce manque à gagner. De même que tout le système de distribution de vin aux Etats Unis, de l’importateur au détaillant jusqu’aux restaurateurs et aux consommateurs américains : personne n’en sortira gagnant. « Certaines entreprises pourront peut-être s’adapter en rognant sur leur marge et trouver un accord avec leur importateur : encore faut-il tenir sur la durée. » ajoute Jérôme BAUER.
Article de la CNAOC le 3 avril 2025